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mardi 8 mars 2011

83 - Les enjeux de l'agriculture biologique

Photos prises par Cloc le 19 février 2011 à Roc Baron (Var)
Depuis des décennies, on détruit les sols en y introduisant des engrais pour produire des quantités faramineuses tout en n'ayant recours qu'à un minimum de main d'oeuvre (il s'agissait au départ, après la guerre, de faire manger le plus grand nombre au moindre coût). L'agriculture biologique n'est pas une technique supplémentaire,  ni une mode, ni une lubie ni un caprice ou une tocade : il s'agit simplement du juste retour aux règles naturelles qui régissent la culture de la terre, aux fondamentaux de l'Agriculture qui consistent à entretenir la fertilité des sols, au lieu de la détruire à force d'engrais et de biocides. A force d'intrants (les intrants sont les engrais et biocides dérivés du pétrole), les sols saturés deviennent stériles et les végétaux qui y "poussent" ne le font plus en quelque sorte que sous perfusion (avec toujours plus d'intrants ...).
L' agriculture ne devrait pas consister à épuiser les sols, pour être obligés ensuite de traiter les plantes carencées en constatant qu'elles sont malades... En fait, il faut simplement nourrir les sols de façon naturelle, en pratiquant par exemple la rotation des cultures, qui permet de leur apporter une diversité de nutriments, ou par d'autres pratiques ancestrales qui ont fait leurs preuves, comme celle des plantes alliées ou des plantes auxiliaires. Quand le sol est riche et sain, les espèces végétales qui poussent dessus ne sont généralement pas malades (surtout si on évite de planter n'importe quoi n'importe où... ) Certaines graines sont faites pour pousser dans des terres particulières et sous des climats particuliers, d' où la nécessité de sauvegarder la multiplicité des graines et de les considérer comme un trésor de l' humanité ! En effet, si par malheur, une espèce était un jour détruite par un fléau, on aurait  alors derrière, plein d'autres espèces qui peuvent prendre la relève...
Il est curieux de voir comme on ne retient aucune des leçons enseignées par l'Histoire de l'humanité.  Prenons l'exemple de la population irlandaise qui a connu un spectaculaire effondrement humain entre 1845 et 1950, à tel point que la population de l'espace irlandais (qui correspond à l'Eire actuelle) n'a toujours pas retrouvé en 2010 son nombre de 1850 ! Que s'est-il passé ? Dans cette île aux sols ingrats, la culture de la pomme de terre avait trouvé une place de choix en particulier dans les comtés de l’Ouest (sols les plus pauvres d’Irlande) et c’est grâce à cette culture simple et productive que la croissance démographique avait été possible. On estime ainsi que dans les années 1830-1840, 1/3 de la population irlandaise subsistait grâce à cette culture qui constituait la base de l’alimentation des familles pauvres.  Or en 1845, une maladie apparentée au mildiou ravagea cette plante précieuse en la faisant pourrir sur place. L’épidémie détruisit à nouveau les récoltes en 1848 et 1849 conduisant à une véritable  catastrophe. Une effroyable famine tua 750 000 personnes, tandis que des centaines de milliers d’autres étaient contraintes de quitter le pays pour s’installer en Amérique. De nos jours, ce pays ne s'est toujours pas remis de cette effroyable saignée humaine ...  Oui, aujourd’hui encore, l’Irlande se ressent de cette hémorragie humaine. Voici comment Jan Morris décrit l’Ouest de l’île : « A l’ouest, s’étirent des landes vides, sauvages et isolées, qui furent jadis des terres cultivées ; au cœur  du pays, les villages semblent parfois souffrir de vacances perpétuelles tant leurs larges rues sont vides et calmes, même en plein jour. Je ressens en pareil endroit non seulement l’affliction du village mis aussi le mal du pays de ses enfants lointains. » Jan Morris; Ireland: Your only place
La firme  Monsanto voudrait substituer à la merveilleuse diversité de graines existant sur notre planète, mais qui se raréfie,  quelques espèces trafiquées par eux, et dont ils auraient le monopole de la vente dans le monde entier...  tenant ainsi entre leurs mains le destin de l' humanité. Peut-être faudrait-il se souvenir de l'exemple irlandais et du risque lié à la monoculture ?
Quant au prix des légumes Bio, en réalité, il est bien moins cher que celui des légumes provenant de l'Agriculture productiviste. En effet, cette agriculture « chimique » bénéficie de 80 % des subventions européennes ! alors que l'agriculture biologique n'a droit qu'aux 20% restants... Les consommateurs paient donc en plus du prix affiché dans les magasins, la partie de l'impôt qui est redistribuée sous forme de subvention, sans compter ce qu'ils paient -toujours par leurs impôts- pour réparer les dégâts faits à l'environnement par une telle agriculture (algues vertes, pollution des nappes phréatiques etc...), sans parler des dépenses sociales de santé !
 Dans le film de Jean-Paul Jaude : «  Nos enfants nous accuseront », des agriculteurs en larmes nous parlent de leurs maladies neurologiques et des leucémies qui touchent adultes et enfants, il ne serait pas raisonnable de remettre en cause autant de témoignages... à voir absolument le 15 mars prochain sur Arte, le reportage de Marie-Monique ROBIN :   Notre poison quotidien
Ce pays croule sous le nombre de chômeurs, ( dont un grand nombre grandissant de personnes dépressives), nous n'avons presque plus d'agriculteurs, donc plus de souveraineté alimentaire, alors que nous savons pertinemment que la pénurie en pétrole et hausse du prix du carburant, nous empêcheront tôt ou tard de faire venir les fruits et légumes qui constituent la base de notre alimentation et donc notre survie, de l' étranger (faute de pouvoir les transporter...), ni même de continuer à les produire sur place avec des intrants : nos terres sont épuisées et nos nappes phréatiques empoisonnées... Notre santé est détériorée pour des générations, à force d'avoir absorbé autant de produits toxiques, car notre terrain (au sens de la naturopathie, de la médecine chinoise et de la médecine indienne ayurvédique) se transmet à notre descendance.
Le problème est que de gros intérêts financiers sont en jeu : ceux de l'industrie agroalimentaire et de la totalité de la filière : du fabriquant d' engrais au supermarché.
Espérons que le film de Marie-Monique Robin, diffusé sur Arte le 15 mars prochain, relancera le débat public sur ces sujets qui ne sont rien moins que vitaux, pour le monde entier, et favorisera la prise de conscience des gens qui n'ont pas pris le temps de se renseigner et qui sont ballottés entre information et désinformation, sans être capables de se situer entre les deux, quitte à ébranler la confiance aveugle qu'ils ont encore dans le « système » ou parfois dans le sentiment d'impuissance qu'ils expriment face a un système contre lequel ils craignent ne pas pouvoir lutter.

CONSEQUENCES DE LA PENURIE DE PETROLE A VENIR (long -2h- mais essentiel)
LE GRAND SOMMEIL Tout ce qui se passe au dehors m'indiffère. Que le monde saute ce n'est pas mon affaire !
Le Grand Marché Bio à Bordeaux (centre)
Quand les certitudes s'effondrent en quelques secondes, sache que du berceau à la tombe, c'est dur pour tout l'monde. Rester debout mais à quel prix ? Sacrifier son instinct et ses envies les plus confidentielles.Mais tout peut changer : aujourd'hui est le premier jour du reste de ta vie. C'est providentiel ! (Etienne Daho "Le PremierJour du reste de ta vie").